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Publier une revue en Open Access


Les débats

L'objectif ici n'est pas de trancher les débats mais seulement d'attirer l'attention d'un éditeur sur quelques débats en cours.

L'open access

L'open access lui même est objet de débats. Du côté des chercheurs et du côté de certains éditeurs (spécialement en sciences humaines et sociales) des voies s'élèvent pour contester le principe même de l'open access ou de pointer des dangers à ce type de diffusion.

Les uns argumentent une perte de revenus pour les éditeurs et plaident, au minimum, pour un embargo de plusieurs mois avant toute diffusion en open access (la règle la plus fréquente est, pour les revues qui ne sont pas en open access, de six mois pour le domaine STM et de un an pour le domaine SHS, avant tout dépôt en open access).

Les autres craignent une réduction de la qualité des processus (ce site prouve le contraire), une perte de notoriété (alors qu'il y a autant de revues de qualité en open access que payantes) ou une plus grande facilité de plagiat ... alors qu'un l'accès plus facile augmente sensiblement la détection des cas de plagiat.

La perception des chercheurs n'est d'ailleurs pas toujours claire (voir : comment faut-il le dire ?).

Avec la publication du "Plan S", le débat est maintenant ouvert sur l'avenir de l'Open Access ... c'est une nouvelle révolution que les revues ne peuvent pas manquer. Il y a 20 ans, elles ont raté celle de l'électronique avec la création des "big deals" proposés par les grands éditeurs (Elsevier, Willey, Springer...) qui ont écrasé les petites revues, il ne faut pas manque cette nouvelle révolution. Restent à résoudre la suppression définitive des revues hybrides et la limitation des APC.

Le modèle auteur-payeur

La Budapest Open Access Initiative prévoit deux voies de publication en open access, la voie verte et la voie d'or (ou dorée). La voie verte est le fait d'un auteur qui dépose un document publié et/ou accepté dans un dépôt (institutionnel ou thématique) en vue d'y donner accès librement et gratuitement. La voie d'or est le fait d'un éditeur qui diffuse ses articles en open access.

Avec l'apparition de l'open access, certains éditeurs proposent, avec la perte du financement procuré par les abonnements, de demander aux auteurs (ou à leur institution) de participer aux frais d'édition. Ce modèle, dit aussi modèle inversé, demande donc un APC (Articles processing charges ou frais de publication) pour couvrir les frais engendrés. 

Le montant de ces APC est cependant de plus en plus élevé et de plus en plus déconnecté de la réalité. Pour PlosOne, un éditeur open access qui a publié 25.972 articles en 2016, le montant varie de 1.495 à 2.900 \$ par article. Pour Biomed Central, qui propose le modèle inversé depuis 15 ans (racheté enretemps par Springer) et publie actuellement 290 titres différents, le montant de l'APC peut atteindre 3 000 \$ par article. 

Il est légitime de se demander si les bénéfices engendrés n'influencent pas l'évaluation de la qualité des articles publiés.

Il faut heureusement souligner, d'après les statistiques du DOAJ, que le nombre de revues qui ne demandent pas d'APC et sont donc totalement gratuites pour les auteurs est d'un peu plus de 70%, soit approximativement 8.000 titres.

Les revues hybrides

À côté des revues étiquetées open access, des éditeurs "traditionnels" (Elsevier, Springer, Wiley…) proposent eux aussi des "solutions" open access qu'ils nomment Open Choice. Si l'auteur accepte de payer un APC (par exemple entre 500 et 5.000 $ chez Elsevier), l'éditeur diffuse alors l'article en open access.

Alors qu'ils présentent cette solution comme une ouverture envers le mouvement de l'open access, il s'agit surtout d'une possibilité d'augmentation de leurs revenus et des dividendes qu'ils pourront transférer à leurs actionnaires.

Cette proposition doit être rejetée parce que :

Il ne s'agit ni plus ni moins d'une arnaque. De nombreux chercheurs tombent dans ce piège.

Les fausses revues et les faux éditeurs

Avec le modèle inversé où c'est l'auteur qui paye les frais de rédaction et d'édition, on voit dès lors apparaître des "predatory publishers", "pseudo-éditeurs" ou "faux éditeurs" et des "pseudo-revues" ou "fausses revues".

Le seul objectif de ces derniers est le profit. Ils publient les articles soumis sans aucune relecture, dans le seul but de faire payer des auteurs trop naïfs et trop contents de voir un éditeur accepter leur manuscrit. L'auteur est trompé par un discours bien rodé et des pratiques qui font croire à un travail scientifique rigoureux.

Les auteurs qui soumettent leurs articles dans ces revues ne se rendent pas compte que le fruit de plusieurs mois de recherche est définitivement perdu. Les articles publiés dans ces revues ne peuvent plus être republiés ailleurs et ne sont pas considérés par les universités et les pouvoirs subsidiants.

voir : Identifier une pseudo-revue en quatre étapes 

Le choix de la licence CC

Choisir une licence creative commons n'est pas simple. 

CC

Il existe plusieurs choix de licence, de la plus ouverte (CC0) à la plus fermée (CC BY NC-ND).

La licence prévoit quatre attributs combinables en six contrats différents :

Les six contrats possibles sont (de la licence la plus ouverte à la plus restrictive) :

La licence CC0 (en haut du graphique) fait référence à No Rights Reserved. Il s'agit d'une œuvre pour laquelle l'auteur renonce à ses droits et verse son œuvre dans le domaine public. L'association Creative Commons mentionne les avantages et inconvénients de ce choix

Pour les documents les plus ouverts et les plus libres, l'association Creative Commons parle de Free Cultural Works. Les critères sont :

Les licences CC0, CC BY et CC BY-SA répondent à ces critères. 

Pour être intégré dans le DOAJ, ce dernier recommande de choisir entre les licences CC BY, CC BY-SA ou CC BY-NC. La licence CC BY étant privilégiée. L'Open Access Scholarly Publishers Association (OASAP) explique pourquoi il est recommandé d'utiliser de la licence CC BY.

Les exceptions légales introduites dans le cadre de l'enseignement et de la recherche offrent plusieurs possibilités de réutilisation, même lorsque la licence est trop fermée. Les limitations introduites par une licence trop fermée empêcheront cependant, dans de nombreuses situations, l'utilisation de l'œuvre sans que l'auteur en tire le moindre bénéfice. La diffusion en sera simplement limitée et ne servira pas la diffusion des connaissances.

Le peer reviewing en question

Plusieurs cas de fraudes lors du processus de peer reviewing sont rapportés dans la presse professionnelle depuis plusieurs années. Il s'agit, par exemple, d'auteurs suggérant des lecteurs fantômes, cachés derrière de fausses adresses courriel. Ces lecteurs fantômes, les auteurs en fait, deviennent alors reviewer de leurs propres articles.

Par ailleurs, certains reviewers, faute de temps en général ou parce qu'ils sont trop sollicités, bâclent le travail attentif de relecture et laissent passer des articles contenant des erreurs non publiables.

Le site retractation watch pointe régulièrement des articles publiés puis rétractés parce que le processus de peer reviewing n'avait pas été réalisé correctement.

Un mouvement d'open peer review (OPR) a été créé depuis avec des publications, du type The Self-Journals of Science, qui pratiquent la validation publique et en ligne des articles déposés dans un de ses cinq titres. Le site fosteropenscience.eu présente, en six modules, l'intérêt de l'OPR. 

Peer Comunity In... propose de son côté un processus de recommandations ouvertes pour des préprint et des articles publiés. Il est basé sur des évaluations par des pairs regroupés dans des Peer Comunity. Il y a actuellement trois communautés créées : Evolutionary Biology, Ecology et Paleontology.

*peer comunity in*…  

Le facteur d'impact

Le Facteur d'impact (voir la partie : Web of Science) est très largement utilisé pour évaluer les chercheurs et leurs équipes. Des agences de financement ne prennent en compte que les articles publiés dans des revues avec facteur d'impact. Utiliser un indice de citation d'une revue n'a pourtant aucun sens pour évaluer un chercheur ou la qualité d'un article.

C'est l'ensemble des analyses bibliométriques basées sur les seules citations qui sont contestées. Même si les citations reflètent, en partie, la façon dont une revue est perçue par la communauté scientifique, il ne s'agit pas nécessairement d'un indice de qualité (qualité de la recherche, de la rédaction, des processus...).

Avec cette obsession de classement des revues, il y a une évidente confusion entre qualité et excellence. L'utilisation du facteur d'impact comme outil d'évaluation des chercheurs et de leurs publications n'a acun sens. Le facteur d'impact est une moyenne. Elle ne peut en aucun cas être attribué à un article en particulier puisque celui-ci peut ne jamais avoir été cité ou, au contraire, avoir été cité au delà de cette moyenne.

En 2012, la San Francisco Declaration on Research Assessment (DORA) a insisté sur la nécessité d'améliorer la manière dont les résultats de la recherche scientifique sont évalués. Les différentes propositions sont résumées dans ce poster. De nombreuses voix (par exemple Casadevalla & Fang, 2014 ou Khaled, 2015) depuis de nombreuses années, critiquent ouvertement les évaluations basées sur le facteur d'impact.

Les projets "altmetrics" proposent des pistes alternatives. Elles sont basées sur les médias sociaux (Twitter, vidéo, blogs...) et les plateformes sociales (Facebook, Google+, Mendeley...) pour mesurer la notoriété des publications.

Altmetrics